dimanche 12 février 2023

 

Au revoir Dominique, au revoir Papa, au revoir Grand-Père.

 

Un jour, pendant un cours de géologie, Dominique Massa entrevit que les études pouvaient inspirer autre chose qu’un mortel ennui.

Après quelques années de scoutisme, de goût pour l’entomologie, d’attachement irrévocable au Général de Gaulle, après plusieurs années d’études, il devint ingénieur géologue.

Un petit tour par Tignes pour rencontrer Anne (de Béthune !), un petit tour en Turquie, puis au Gabon, avec les chers amis Cottençon et Bois. Puis il y eut Hassi Messaoud, Tamanrasset, et le Père de Foucauld. C’est là que notre père éleva son esprit à la spiritualité que lui inspiraient sa foi chrétienne et la beauté du désert.

Il y eut ensuite les années en Algérie, en Libye, et les précieuses amitiés tissées dans les rires, dans la joie des naissances qui arrivaient chez les uns et les autres, amitiés tissées aussi dans les difficultés, le conflit algérien, les évènements de Suez, et les missions difficiles dans le sud saharien.

De retour en France aux côtés de sa chère Anne, et très vite quatre fillettes et un petit garçon… Avec enthousiasme et beaucoup de zèle, Dominique enfila le costume de pater familias.

Pipe à la bouche, fumée dans la voiture, enfants qui chantaient à deux voix, au volant de la 403, puis la 404, puis la 504 qui nous emportaient vers Nice, vers Saint François… Il n’y eut pas une fois où il ne nous montra un bel affleurement rocheux, un porche roman, une flèche gothique, un paysage remarquable.

À Saint Pancrace, tous les soirs de juillet et août, pendant près de cinquante ans, Papa, Gramp’ pour les petits-enfants, interrompait d’autorité le dîner sous la tonnelle et nous regardions le soleil disparaître derrière la falaise du Baou. Le temps s’arrêtait un peu.

Toutes ces années, Dominique Massa publia des articles scientifiques, et une thèse à laquelle Anne collabora activement. Il y est question de l’Ordovicien Supérieur de la Libye Occidentale. Pour qu’à « l’échelle géologique des temps », comme se plaisait à dire notre grand géologue, il en reste tout de même un petit quelque chose.

Contre vents et marées, nous tenons à ce mythe d’un père idéal. Même s’il fut un homme de conviction parfois radical, parfois impérieux. Jusqu’à rompre avec qui objectait.

Car nous savons bien, au plus intime de nous-mêmes, que jamais notre père n’a voulu blesser. Tout ce qu’il aura entrepris, tout au long de sa vie, ce fut bien. Ce fut pour notre bien. Il faisait de son mieux. En honnête homme.

À la fin, nous étions autour de lui, émus de sa douceur et de son courage fou.

Jamais une plainte contre le sort que lui faisait sa maladie.

Et son sourire magnifique, quand nous poussions la porte de sa chambre.

Ses petits-enfants, ses enfants, nous sommes très fiers de lui.  Il est parti comme un héros.

 

                             Dominique MASSA   5 décembre 1925  -  19 janvier 2010