Au revoir
Dominique, au revoir Papa, au revoir Grand-Père.
Un jour, pendant
un cours de géologie, Dominique Massa entrevit que les études pouvaient
inspirer autre chose qu’un mortel ennui.
Après quelques
années de scoutisme, de goût pour l’entomologie, d’attachement irrévocable au
Général de Gaulle, après plusieurs années d’études, il devint ingénieur
géologue.
Un petit tour par
Tignes pour rencontrer Anne (de Béthune !), un petit tour en Turquie, puis
au Gabon, avec les chers amis Cottençon et Bois. Puis il y eut Hassi Messaoud,
Tamanrasset, et le Père de Foucauld. C’est là que notre père éleva son esprit à
la spiritualité que lui inspiraient sa foi chrétienne et la beauté du désert.
Il y eut ensuite
les années en Algérie, en Libye, et les précieuses amitiés tissées dans les
rires, dans la joie des naissances qui arrivaient chez les uns et les autres,
amitiés tissées aussi dans les difficultés, le conflit algérien, les évènements
de Suez, et les missions difficiles dans le sud saharien.
De retour en
France aux côtés de sa chère Anne, et très vite quatre fillettes et un petit garçon…
Avec enthousiasme et beaucoup de zèle, Dominique enfila le costume de pater
familias.
Pipe à la bouche,
fumée dans la voiture, enfants qui chantaient à deux voix, au volant de la 403,
puis la 404, puis la 504 qui nous emportaient vers Nice, vers Saint François…
Il n’y eut pas une fois où il ne nous montra un bel affleurement rocheux, un
porche roman, une flèche gothique, un paysage remarquable.
À
Saint Pancrace, tous les soirs de juillet et août, pendant près de cinquante
ans, Papa, Gramp’ pour les petits-enfants, interrompait d’autorité le dîner
sous la tonnelle et nous regardions le soleil disparaître derrière la falaise
du Baou. Le temps s’arrêtait un peu.
Toutes ces années,
Dominique Massa publia des articles scientifiques, et une thèse à laquelle Anne
collabora activement. Il y est question de l’Ordovicien Supérieur de la Libye
Occidentale. Pour qu’à « l’échelle géologique des temps », comme se
plaisait à dire notre grand géologue, il en reste tout de même un petit quelque
chose.
Contre vents et
marées, nous tenons à ce mythe d’un père idéal. Même s’il fut un homme de
conviction parfois radical, parfois impérieux. Jusqu’à rompre avec qui objectait.
Car nous savons
bien, au plus intime de nous-mêmes, que jamais notre père n’a voulu blesser.
Tout ce qu’il aura entrepris, tout au long de sa vie, ce fut bien. Ce fut pour
notre bien. Il faisait de son mieux. En honnête homme.
À
la fin, nous étions autour de lui, émus de sa douceur et de son courage fou.
Jamais une plainte
contre le sort que lui faisait sa maladie.
Et son sourire
magnifique, quand nous poussions la porte de sa chambre.
Ses
petits-enfants, ses enfants, nous sommes très fiers de lui. Il est parti comme un héros.
Dominique
MASSA 5 décembre 1925 - 19
janvier 2010
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